Réactions cutanées et médicaments : Démêler le vrai de l’allergie
La survenue de réactions cutanées post-médication ne signifie pas systématiquement une allergie. Des analyses sont indispensables pour confirmer tout diagnostic. Dans certaines situations, il est même possible de procéder à une désensibilisation face à l’allergène concerné. Le Pr Pascal Demoly, pneumo-allergologue au CHU de Montpellier, nous éclaire sur le sujet.
Après un traitement antibiotique
L’apparition de boutons ou de plaques sur la peau après la prise d’un antibiotique conduit souvent à penser à une allergie. Toutefois, selon le Pr Pascal Demoly, dans 80% des cas, cette hypothèse est incorrecte. L’éruption est généralement liée à l’infection elle-même plutôt qu’au médicament.
La rareté des allergies véritables aux antibiotiques
Les allergies authentiques aux antibiotiques sont assez rares. Chez les patients suspectés, seulement 17% des adultes et 9% des enfants sont effectivement diagnostiqués allergiques après des tests spécifiques.
Quels sont les signes d’une allergie aux antibiotiques ?
Les manifestations d’une allergie aux antibiotiques peuvent varier : elles vont d’une simple urticaire à un bronchospasme entrainant des difficultés à respirer. Lorsque plusieurs organes sont affectés, on parle d’anaphylaxie, qui peut inclure un œdème de Quincke et parfois un choc anaphylactique. « Les décès liés à l’anaphylaxie sont le plus souvent causés par des médicaments », note le Pr Demoly.
Quand survient la réaction allergique à un antibiotique ?
La réaction allergique peut se manifester dans l’heure suivant la prise du médicament ou plusieurs jours après. Les cas graves, comme le syndrome de Lyell ou de Stevens-Johnson, bien que rares (de 1 à 3 cas par million par an), sont des réactions retardées où la peau peut subir une nécrose.
Les pénicillines, en tête des allergies antibiotiques
La famille des pénicillines, incluant l’amoxicilline, Clamoxyl et Augmentin, est souvent citée en premier lorsqu’il s’agit d’allergies aux antibiotiques. Les quinolones, comme la ciprofloxacine ou la lévofloxacine, suivent. Les allergies aux macrolides, telles que l’azithromycine, restent plus rares.
Comment identifier une allergie à un antibiotique ?
Le diagnostic initial repose sur un test cutané, où un extrait de l’antibiotique suspect est appliqué sur la peau du patient pour observer une réaction éventuelle. Si le test est négatif, un second test, dit de provocation, est alors effectué avec ingestion orale de l’antibiotique sous surveillance médicale. « Deux tiers des personnes réagissent au test cutané et un tiers au test de provocation », explique le Pr Demoly.
Allergie aux antibiotiques : quelles démarches et traitements ?
Dans certains cas spécifiques, un traitement de désensibilisation peut être envisagé, notamment si aucune alternative médicamenteuse n’est viable. Ce processus vise à habituer progressivement le corps à l’allergène. Il est particulièrement utilisé pour des patients pour qui l’antibiotique est crucial, comme les enfants atteints de mucoviscidose ou les femmes enceintes nécessitant de la pénicilline pour traiter une syphilis.
Ce traitement consiste à administrer l’antibiotique en doses croissantes sur une journée. Malgré son efficacité, la désensibilisation doit être répétée avant chaque nouvelle cure d’antibiotiques.
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