L’oxygénation hyperbare, également connue sous le nom d’oxygénothérapie hyperbare ou OHB, est une méthode qui consiste à inhaler de l’oxygène à haute concentration sous une pression supérieure à la normale. Quels sont ses usages, ses risques et ses contre-indications ? Des spécialistes nous éclairent sur le sujet.
Des sportifs de haut niveau comme Novak Djokovic et Cristiano Ronaldo possèdent leur propre équipement pour une récupération optimale. Actuellement, certains centres offrent des séances d’oxygénation hyperbare visant à améliorer les migraines, le stress et les troubles du sommeil. Quels en sont les réels bénéfices ?
Le principe est de revitaliser l’organisme par l’inhalation d’oxygène pur à une pression supérieure à celle de l’atmosphère. Cette surpression permet à l’oxygène de mieux se dissoudre et de circuler dans le sang, augmentant ainsi l’oxygénation des tissus.
En milieu médical, l’oxygénothérapie hyperbare est appliquée pour le traitement de conditions aiguës telles que les accidents de décompression ou l’intoxication au monoxyde de carbone, ainsi que pour des pathologies chroniques comme les ulcères diabétiques ou les séquelles d’AVC. Utilisée dans une vingtaine de centres hospitaliers en France, cette thérapie implique de respirer de l’oxygène à 100 % dans des chambres hyperbares où la pression peut atteindre de 2,5 à 6 ATA, simulant une immersion de 15 à 50 mètres sous l’eau.
Un environnement riche en oxygène pur
Les caissons mobiles, ou chambres hyperbares portatives, contiennent de l’oxygène pur à 93-97 % et fonctionnent à une pression de 1,3 à 1,5 ATA, ce qui équivaut à une plongée de 3 à 4 mètres de profondeur.
Il est inexact de parler ‘d’oxygénothérapie hyperbare’ pour ces dispositifs grand public, car les effets ne sont pas les mêmes. Il serait plus juste de parler ‘d’oxygénation hyperbare’, selon le Dr Thierry Joffre, directeur du centre de médecine hyperbare des Hospices Civils de Lyon.
Déroulement d’une séance en caisson hyperbare
Il faut entrer dans le caisson habillé mais sans chaussures, et s’y installer allongé ou assis. L’opérateur ferme ensuite l’habitacle avant d’augmenter la pression à l’intérieur en quelques minutes.
À éviter pour les claustrophobes, bien que l’espace soit relativement grand. L’oxygène est respiré via deux petites canules nasales. La séance dure entre 1 heure et 1 heure 30. La pression est progressivement réduite avant de sortir du caisson.
Les bienfaits présumés du caisson hyperbare
Sur le stress
Bien que l’on prétende une meilleure oxygénation du cerveau, aucune étude scientifique ne soutient cette affirmation. « L’isolement procuré par ces caissons pourrait influencer le bien-être, mais il n’est pas démontré que la pression et le taux d’oxygène affectent physiologiquement le stress », explique le Dr Joffre. Toutefois, cela reste un moment propice pour écouter de la musique et se détendre.
Sur le sommeil
Il est supposé que l’hyperoxygénation du cerveau pourrait stimuler la production de mélatonine, hormone facilitant l’endormissement. « Pour affirmer cela, il faudrait des preuves, et il n’existe aucune étude à ce jour sur le sujet », précise le Dr Carl Willem, médecin du sport au CHU de Nice. Cette méthode n’est pas encore proposée dans les centres spécialisés dans le traitement des troubles du sommeil.
Sur le traitement des migraines
La migraine, causée par la dilatation des vaisseaux sanguins augmentant la pression intracrânienne, peut être atténuée par l’oxygénation qui possède un effet vasoconstricteur. Une synthèse d’études Cochrane a validé l’utilité de l’oxygénothérapie par masque et de l’oxygénothérapie hyperbare pour apaiser une crise migraineuse : plus de 70 % des patients ont ressenti un soulagement. Cependant, dans les caissons accessibles au public, la quantité d’oxygène fournie est seulement de 5 l/min en moyenne, contre 8 à 15 l/min dans un contexte médical.
Il reste à étudier davantage ce type de caisson avant de pouvoir conclure, même si le concept est prometteur, selon le Dr Michel Dib, neurologue spécialiste des migraines à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière.
Il est possible d’essayer pour voir si cela apporte un soulagement, à condition de consulter au préalable son médecin traitant ou son neurologue. Il est également crucial de pouvoir accéder rapidement au caisson dès le début de la crise.
Risques et contre-indications de la médecine hyperbare
Les principaux risques concernent les oreilles. « Le barotraumatisme peut survenir à une pression équivalente à une immersion de 50 cm sous l’eau pour les personnes ayant des oreilles sensibles, ce qui est bien au-delà des normes habituelles. Ce phénomène peut également affecter les sinus, les dents (en présence de cavités) et les poumons », explique le Dr Joffre. Si vous avez déjà eu des problèmes de tympans, si vous êtes mal à l’aise lors de plongées sous-marines ou en avion, il est préférable de renoncer à cette thérapie. La sensation d’oreilles bouchées est normale au début, mais si vous ne parvenez pas à équilibrer la pression en bâillant, en mâchant ou en avalant, il faut interrompre la séance.
De plus, il est crucial de consulter votre médecin si vous souffrez d’une maladie chronique ou avez des antécédents médicaux, car certaines conditions sont incompatibles avec l’oxygénothérapie hyperbare :
- Maladies pulmonaires comme la BPCO ou l’asthme ;
- Insuffisance respiratoire ;
- Grossesse ;
- Épilepsie, etc.
Il est également déconseillé de suivre une séance en cas de rhume sévère avec congestion nasale empêchant une respiration normale.
Où expérimenter l’oxygénation hyperbare et à quel prix ?
Vous pouvez tester cette méthode dans des centres urbains tels que O2 Relax à Paris, des cabinets de kinésithérapie ou de cryothérapie (comme Le Frisson Salvateur à Lille) ou dans des centres de préparation sportive (tels que APS. Aquaphysiosport à Toulon ou Inside the athlète 3.0 à Besançon). Certains centres de thalassothérapie proposent également ce service, par exemple chez Thalazur Cabourg ou Côté Thalasso à Banyuls et sur l’île de Ré.
Prévoyez entre 30 € et 59 € pour une séance d’une heure à une heure et demie, sachant que ce traitement n’est pas remboursé. Les fabricants recommandent généralement cinq séances rapprochées (pas plus de 48 heures d’intervalle) pour en constater les effets, puis de continuer une fois par semaine si les résultats sont positifs.
À noter : Cette prestation peut être offerte par toute personne ayant suivi une formation spécifique proposée par le fabricant, sans nécessité de surveillance médicale. L’encadrement est parfois assuré par des professionnels paramédicaux, principalement des kinésithérapeutes, mais ce n’est pas obligatoire.
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